On appelle communément la procédure de Bertrand la dénervation périphérique sélective, une intervention chirurgicale pratiquée dans le cas de la dystonie cervicale. Dans les années 1970, le Dr Claude Bertrand, avec la collaboration du Dr Pedro Molina-Negro, a mis au point cette procédure comme approche périphérique pour traiter la dystonie cervicale. Le mot « sélective » désigne le soin apporté pour identifier les muscles du cou touchés par la dystonie et le mot « dénervation » désigne le sectionnement des nerfs qui alimentent ces muscles. La procédure de Bertrand a pour but de réduire les contractions anormales dans les muscles touchés en sectionnant les nerfs de ces muscles. Ainsi, la procédure laisse intacts les nerfs des muscles non touchés ou moins touchés.
Cette procédure est adaptée pour répondre aux besoins et aux symptômes uniques de chaque personne atteinte de dystonie. L’approche initiale consiste souvent à dénerver les muscles causant le mouvement dystonique le plus important, tout en sachant que des muscles moins touchés causeront des mouvements résiduels. Si les résultats ne soulagent pas suffisamment les symptômes, une deuxième intervention peut être pratiquée. Dans plusieurs cas, l’intervention chirurgicale initiale est suffisante pour améliorer la posture anormale de manière significative. Les interventions chirurgicales plus agressives, à l’occasion desquelles tous les muscles cervicaux touchés par la dystonie sont dénervés en une seule intervention, peuvent donner lieu à une faiblesse excessive dans le cou.
Une étape fondamentale de la procédure est l’évaluation préalable à l’intervention pour identifier correctement les muscles en cause et pour déterminer si la personne atteinte bénéficiera de la procédure. Pour les personnes admissibles à une intervention chirurgicale, le médecin fait une observation clinique et utilise l’électromyographie pour surveiller l’activité musculaire et localiser les muscles en cause dans la dystonie.
Un élément essentiel de la procédure de Bertrand consiste à sectionner les petits rameaux du nerf spinal accessoire qui alimente les muscles sterno-cléido-mastoïdiens et à épargner les nerfs des trapèzes. Le nerf spinal accessoire est l’un de 12 nerfs crâniens qui prennent naissance dans le tronc cérébral, qui est la jonction du cerveau et de la moelle épinière. Un deuxième élément de la procédure de Bertrand est le sectionnement de la branche postérieure de l’un ou plusieurs nerfs spinaux le long des vertèbres cervicales. (Cet aspect de la procédure est appelé une ramicotomie postérieure.) Les nerfs spinaux se présentent en paires le long de l’épine dorsale et alimentent les muscles et les organes. Certaines études indiquent que la ramicotomie accroît l’amélioration chez les personnes qui ont développé une résistance au traitement à la toxine botulique.
Jusqu’à maintenant, plus de 2 000 personnes atteintes de dystonie cervicale ont subi cette intervention chirurgicale. Certains centres signalent une amélioration significative dans 88 % des cas. Bien que l’intervention puisse être avantageuse pour des personnes qui manifestent toute une gamme de symptômes, les catégories de personnes atteintes de dystonies qui peuvent obtenir les meilleurs résultats de la procédure de Bertrand sont les personnes chez qui :
• les symptômes touchent principalement le cou;
• les symptômes se sont stabilisés depuis trois ans;
• la tête tourne d’un côté (le torticolis en rotation);
• la tête est inclinée (latérocolis);
• la tête tourne et est tirée par derrière (torticolis en rotation avec rétrocolis supérieur);
• la tête tourne et s’incline par devant (torticolis en rotation avec antécolis supérieur);
• la tête est tirée par derrière (rétrocolis supérieur).
Le meilleur résultat apparaît dans les cas de dystonie où la tête tourne de côté et soit devant, soit derrière. Les personnes qui réagissent au traitement à la toxine botulique de même que celles qui ne réagissent pas peuvent être admissibles à cette intervention. La procédure peut également constituer une option pour un petit nombre de personnes atteintes de dystonie généralisée qui ont des symptômes très définis dans le cou.
Parmi les effets secondaires, mentionnons l’insensibilité à l’arrière de la tête, un serrement au site de l’intervention chirurgicale, quelques mouvements qui restent, la difficulté à déglutir et l’absence de résultats. Les personnes qui ont subi l’intervention sont souvent en mesure de retourner à la maison après avoir passé deux ou trois nuits à l’hôpital.
Les études ont démontré que la procédure de Bertrand peut améliorer de façon significative la posture du cou, lui donnant une meilleure amplitude de mouvement. Après une telle intervention, la physiothérapie est très importante pour préserver l’amplitude de mouvement.