Réinventer le monde en miniature : l’art sous l’angle de la dystonie
Dans un appartement de taille moyenne à Toronto, il y a une petite cuisine. Dans cette petite cuisine se trouve un réfrigérateur encore plus petit, dont la porte est garnie de condiments miniatures et d'un plateau contenant des gouttes de glace. Sur les étagères se trouve un festin de taille réduite : une laitue plus petite que l'ongle du pouce, un oignon parfait pour une fourmi et un mini-steak dans un emballage en cellophane. La créatrice de ce monde, Jodie Wigle, artiste miniaturiste, tient ce monde confortablement dans la paume de sa main.
Jodie, 24 ans, est étudiante à la Toronto Metropolitan University, où elle termine un diplôme en industries créatives. Ce n'est pas son éducation qui l'a incitée à commencer à créer des miniatures, mais son handicap. D'aussi loin que Jodie se souvienne, elle avait de la difficulté à garder les mains immobiles. Elle faisait constamment tomber des objets et dessinait avec des lignes tremblantes. À l'âge de 11 ans, Jodie a reçu un diagnostic pour ces difficultés : la dystonie myoclonique. Jodie est l'un des nombreux membres de sa famille à présenter des symptômes de dystonie. Pour elle, cela se manifeste par des tics et des tremblements dans les mains.

En 2021, Jodie a commencé à fabriquer des miniatures dans le cadre de son expression artistique. « Je voyais beaucoup de vidéos sur les réseaux sociaux de gens qui fabriquaient des miniatures... alors je me suis littéralement assise et j'ai commencé à en faire une », explique-t-elle. Beaucoup pensent qu'ils manquent de matériel, la compréhension par Jodie de ses capacités motrices fines l'a incitée à commencer avec du carton provenant d'une boîte Amazon et de la peinture acrylique. Elle explique que la rigidité du carton le rend plus tolérant et qu'il lui est plus facile de stabiliser sa main. « Je ne suis pas encore très douée avec l'argile parce que je pense qu'avec la dystonie, je pourrais la tenir trop serrée et l'écraser accidentellement. »
Un aspect important du travail de Jodie est que toutes ses scènes miniatures contiennent des pièces que l’on peut prendre, observer et déplacer. La vision de Jodie est d'avoir la possibilité de partager ses miniatures avec un public plus large, que ce soit par le biais des médias sociaux ou, mieux encore, d'une exposition dans une galerie. Elle souhaite que le public puisse interagir avec elles et les apprécier, mais aussi illustrer le fait que rien n'est vraiment figé et fixe, comme dans la vie. En plus de ce sentiment, la nature dynamique de ses dioramas est un hommage à la souplesse et à l'adaptabilité qu'elle considère comme nécessaires pour vivre avec la dystonie ou d'autres handicaps. « Je veux qu'il soit plus acceptable pour nous de devoir changer de parcours plutôt que de nous en vouloir d'avoir cassé quelque chose. Si on casse quelque chose, on le refait. C'est correct. »
Pour Jodie, le processus de création est lié à son expérience du progrès avec la dystonie. « Au lieu de me demander pourquoi je suis différente, je me concentre sur les façons dont je peux m'adapter pour avoir la possibilité de créer, ce qui apporte beaucoup de bonheur à tout le monde. »
Merci à Jodie d'avoir partagé avec nous ses merveilleuses œuvres d'art et nous nous tiendrons au courant de son travail!
